L’industrie tunisienne des composants automobiles cherche à profiter de l’évolution du marché européen, suite à l’invasion russe de l’Ukraine et des sanctions occidentales contre Moscou, en fournissant des pièces de rechange aux entreprises européennes qui ont annoncé leur retrait du marché russe, ces derniers jours.
Les professionnels cherchent à étudier la possibilité d’augmenter la production de composants automobiles fabriqués au profit des usines automobiles européennes, en créant de nouvelles unités de production.
Ainsi, les usines de composants automobiles tentent d’obtenir le soutien du gouvernement afin de développer la capacité de production des unités actuelles, compte tenu des nouvelles évolutions du marché, imposées par la guerre russo-ukrainienne.
La Tunisie dispose d’un grand potentiel pour tirer parti de la crise actuelle et augmenter sa capacité de production, à condition de transférer une partie de la part de marché détenue par l’Ukraine et la Russie vers la Tunisie. Le soutien gouvernemental éventuel pour la création de nouvelles unités de production ou procéder à des extensions des unités actuelles, permettra d’augmenter la part tunisienne de l’industrie mondiale des composants automobiles, et du secteur, qui occupe plus de 90 000 emplois directs, et autant indirects.
Selon les données du ministère de l’Industrie, plus de 280 établissements industriels travaillent dans le secteur des composants automobiles en Tunisie, dont 140 à capitaux étrangers, et 65% des usines exportant entièrement leur production.
La Tunisie cherche à porter la valeur des exportations du secteur des composants automobiles à 13,5 milliards de dinars (4,22 milliards d’euros) d’ici 2025, alors que les exportations du secteur ont atteint 7,5 milliards de dinars en 2019. La Tunisie est actuellement classée deuxième exportateur africain de pièces automobiles avec ses différents composants vers l’Union européenne (après le Maroc) et l’un des 10 premiers fabricants mondiaux de câbles électriques automobiles.
Selon des observateurs, les crises créent de nouvelles opportunités d’investissement pour ceux qui sont prêts à les saisir, ce qui pourrait faire de l’industrie tunisienne des composants automobiles un fournisseur fiable pour les grands constructeurs automobiles mondiaux. Les entreprises tunisiennes travaillant dans l’industrie des composants automobiles, classées parmi les plus importantes de la méditerranée, ont su développer des laboratoires de recherche et former des compétences de qualité.
Il est également nécessaire que le soutien gouvernemental soit à la hauteur des attentes des industriels, afin d’offrir un environnement propice aux investisseurs étrangers qui souhaitent transférer leurs affaires des zones de guerre vers des destinations sûres. Rappelons que le secteur de la fabrication de composants automobiles contribue pour environ 4% du PIB, et figure parmi les secteurs les plus performants.
En 2016, la Tunisie a voulu attirer des entreprises géantes dans la construction automobile, en s’appuyant sur son expérience dans le domaine de la fabrication de composants automobiles. Cependant, ce programme a échoué en raison du climat politique et économique du pays, malgré le lancement de négociations avec des marques françaises et chinoises, ainsi qu’avec le groupe allemand Volkswagen, afin de parvenir à un accord concernant l’implantation d’une usine d’assemblage de voitures en Tunisie.
Plusieurs constructeurs automobiles européens, américains et japonais avaient annoncé l’arrêt de leurs exportations vers la Russie et le gel de leurs activités dans ce pays. Parmi ces entreprises figurent les suédois Volvo et Scania, qui ont annoncé, il y a environ deux semaines, la suspension de leurs activités en Russie, en raison des risques potentiels liés aux sanctions imposées par les États-Unis et l’Union européenne.
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