Un briefing intitulé ” Russia in Africa: An atlas” a été préparé par le Service de Recherche du Parlement Européen (European Parliamentary Research Service, EPRS). Ce document a été publié en février 2024 et est destiné aux membres et au personnel du Parlement Européen pour les assister dans leur travail parlementaire.
L’objectif de ce briefing est de fournir une analyse détaillée de l’engagement croissant de la Russie en Afrique à travers ses dimensions diplomatiques, économiques, et militaires. Il examine l’utilisation de divers outils hybrides par la Russie, tels que ce qu’ils considèrent et appellent les campagnes de manipulation de l’information et la présence multiforme de la compagnie paramilitaire Wagner, qui sont des parties intégrantes de la stratégie actuelle de la Russie en Afrique.
Le document met en lumière l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie en février 2022 et l’affrontement ouvert subséquent avec l’Occident, qui a replacé le continent africain sous les projecteurs comme une zone de rivalité géopolitique.
La Russie chercherait à travers son engagement sur le continent à briser l’isolement diplomatique et économique imposé par l’Occident, à réaffirmer sa pertinence sur la scène internationale en tant que champion d’un nouveau “monde polycentrique”, et à avancer ses ambitions géostratégiques dans les domaines minier, énergétique, et de présence militaire dans des zones clés telles que la mer Rouge et la Méditerranée.
Ce document s’adresse spécifiquement aux membres et au personnel du Parlement Européen, fournissant un matériel de fond pour les aider dans leur travail parlementaire, et ne représente pas une position officielle du Parlement.
Ci-dessous un résumé du document :
La Russie intensifie son engagement diplomatique, économique et militaire sur le continent africain. L’occupation de la Crimée en 2014 et l’invasion de l’Ukraine en 2022 ont remis l’Afrique sous les projecteurs, considérée comme un terrain de rivalité géopolitique.
Diplomatie en action : Le sommet Russie-Afrique
Le deuxième sommet Russie-Afrique, tenu à Saint-Pétersbourg en juillet 2023, a vu une participation moins élevée des chefs d’État africains par rapport à 2019, reflétant des préoccupations non adressées concernant l’impact de la guerre en Ukraine sur leurs économies.
Influence politique et militaire : La présence de Wagner
La Russie élargit son influence à travers des canaux non officiels, incluant les compagnies militaires privées comme le groupe Wagner. Ces actions incluent des opérations militaires et des campagnes d’influence politique, bénéficiant d’une présence durable sur le terrain.
Commerce et énergie : Une approche ciblée
Malgré une présence commerciale modeste par rapport à d’autres partenaires de l’Afrique, la Russie s’implique fortement dans les secteurs minier et énergétique. Elle a conclu des accords de coopération nucléaire avec 20 pays, prévoyant la construction de centrales nucléaires en Égypte et au Nigeria.
Conclusion : Entre opportunités et défis
L’engagement de la Russie en Afrique est caractérisé par une stratégie opportuniste et stratégique, visant à renforcer sa présence militaire, étendre sa coopération énergétique et minière, et contourner l’isolement diplomatique et économique imposé par l’Occident.
Chiffres clés
Le document présente plusieurs chiffres clés qui soulignent l’ampleur de l’engagement de la Russie en Afrique dans divers domaines, notamment le commerce, l’investissement, la coopération militaire et énergétique. Voici quelques-uns des chiffres clés mentionnés :
Don de céréales : La Russie a proposé de faire don de 25 000 à 50 000 tonnes de céréales à six pays (Burkina Faso, République centrafricaine, Érythrée, Mali, Somalie et Zimbabwe), ce qui est considéré loin de répondre aux besoins de l’Afrique.
Commerce : En 2022, les importations de l’Afrique en provenance de Russie représentaient moins de 2 % des importations totales du continent, tandis que l’UE27 et la Chine représentaient respectivement 25 % et 18 % du marché. Les exportations de l’Afrique vers la Russie représentaient une part encore plus petite du marché (moins de 1 % en 2022 contre 33 % vers l’UE et 12,18 % vers la Chine).
Investissement direct étranger : La Russie contribue à moins de 1 % de l’investissement direct étranger (IDE) sur le continent africain.
Coopération nucléaire : La Russie a signé des accords de coopération nucléaire avec 20 pays africains. Parmi eux, l’Égypte et le Nigeria ont signé des plans préliminaires pour construire des centrales nucléaires. Si ces plans se concrétisent, l’Égypte et le Nigeria rejoindront l’Afrique du Sud, qui possède déjà une centrale nucléaire opérationnelle, dans le rang des pays africains dotés de capacités énergétiques nucléaires soutenues par la technologie russe.
Ces chiffres illustrent l’engagement multifacette de la Russie en Afrique, allant de la coopération économique et énergétique à l’aide humanitaire, tout en soulignant la modestie relative de sa présence commerciale et son intérêt stratégique pour étendre son influence sur le continent.
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